Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Roland Quancard. Son vin, Cheval Quancard Réserve 2015, a en effet été récompensé d’un Oscar des Bordeaux rouge 2017. Cap donc sur Carbon Blanc, au siège social de la société.
Bonjour Roland, vous représentez aujourd’hui la 6è génération de Quancard à la tête de l’entreprise, créée en 1844. Est-ce un choix ou une obligation ?
Un choix ! Mes parents m’ont laissé tout à fait libre de mon orientation, mon grand-père un peu moins ;). J’ai été attiré par le métier d’avocat jusqu’en terminale mais j’ai finalement intégré une Ecole de Commerce. Après avoir fourbi mes armes à l’extérieur, j’ai rejoint Cheval Quancard. Quand vous rejoignez une société familiale, c’est un peu comme entrer en religion, il n’est pas toujours aisé d’en sortir mais je n’ai jamais regretté. Il faut dire que je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit. Toute mon enfance a été bercée par le rythme de la vigne. Pendant les grandes vacances, nous passions au moins un mois sur la propriété familiale, le Château de Terrefort. J’ai des souvenirs fabuleux de cette époque. Je me souviens notamment des vendangeurs venant du monde entier. La nuit, nous nous éclipsions pour les écouter chanter.
Vous êtes négociant éleveur, est-ce que le métier a changé par rapport au temps de votre aïeul ?
Oui, le métier a évolué, bien sur au niveau technique mais pas uniquement. A l’époque, les différences étaient plus nettes entre le métier du viticulteur et celui du négociant. Le viticulteur produisait et le négociant commercialisait. Aujourd’hui c’est beaucoup moins étanche.
Quel est pour vous le rôle du négociant, quel est son métier ?
Il existe plusieurs sortes de négociants. Cela peut aller du plus léger, le commissionnaire, qui ne se charge que de la commercialisation à des missions bien plus complètes comprenant l’embouteillage pour soi ou pour les autres, l’élevage et la commercialisation tant en France qu’à l’étranger..
Chez Quancard nous sommes fiers d’être négociants dans le sens large du terme. Nous pouvons stocker jusqu’à 10 millions de bouteilles et nous ne mettons nos vins sur le marché que lorsque nous estimons qu’ils sont prêts à boire. Nous signons nos produits de notre marque et nous nous engageons fortement. Il faut que les gens puissent reconnaître notre savoir faire, et nous identifier. Notre logo se veut un sceau de qualité qui vient signer notre gamme et constitue un repère qui guide le consommateur dans son choix. C’est d’ailleurs pour cela que nous venons juste de faire évoluer notre identité visuelle afin de la moderniser et de lui donner plus d’impact et de dynamisme.
Comment définiriez-vous le style Quancard ?
Depuis très longtemps nous avons misé sur la qualité. Nous touchons un marché moyen à haut de gamme avec des vins équilibrés et respectueux de leurs appellations.
Où commercialisez-vous vos vins ?
Chez Quancard, il est inscrit dans notre ADN de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Ainsi nous sommes négociant et viticulteur, nous commercialisons tant en France qu’à l’export, et aussi bien en circuits traditionnels qu’en GMS.
Vous qui voyagez beaucoup, comment voyez-vous l’actuel Bordeaux bashing ?
Je le trouve très injuste mais heureusement, je crois que le pire est derrière nous. Il n’est pas toujours facile de trouver des explications à ce désamour.
Il y a certes le facteur prix. Mais cela ne concerne que les Grands Crus Classés qui ont pour moi quitté l’univers du vin pour celui du luxe. Beaucoup de consommateurs ne voient Bordeaux qu’à travers eux mais il ne faut pas oublier qu’ils ne représentent que 5% de la production locale. La gamme est bien plus étendue, diversifiée et démarre à quelques euros la bouteille. Le Bordeaux, en général, offre un excellent rapport qualité-prix.
Ensuite on pense que les vins de Bordeaux, c’est compliqué, mais pas du tout. Il suffit de se dire que sur la rive gauche de la Garonne, à gauche de l’estuaire, on produit surtout des vins à base de Cabernet et rive droite, à base plutôt de Merlot. Déjà cela donne un bon point de repère.
Et puis il a beaucoup été dit que ce sont des vins qui devaient vieillir. C’est vrai pour certains grands crus mais il y a également beaucoup de vins qui peuvent se boire jeunes. Et point besoin d’être connaisseur. L’essentiel est de se faire plaisir.
Bref, Bordeaux n’est pas plus compliqué qu’ailleurs !
Quelques questions subsidiaires… Vous êtes plutôt :
Bordeaux rouge ou Bordeaux blanc ?
Rouge, car il y a plus de richesse dans la gamme.
Rosé ou clairet ?
Clairet, définitivement. J’espère que Bordeaux arrivera à réimposer son style de rosé, plus vineux, plus foncé.
Bouchon en liège ou bouchon à vis ?
Liège. Le bouchon à vis peine à s’imposer auprès des consommateurs de vins français.
Arcachon ou Cap Ferret ?
Cap Ferret. Nous avons une maison familiale dont l’adresse est avenue du Merlot à La Vigne 😉 Cela ne s’invente pas !
Philippe Etchebest ou Gordon Ramsay ?
Plutôt Gordon Ramsay pour faire un clin d’œil à mon épouse qui est anglaise.
Lamproie ou alose ?
Lamproie. J’ai d’ailleurs goûté récemment une version au Sauternes plutôt qu’au vin rouge et c’est excellent.
Cannelé ou dunes ?
Cannelés ! Ils doivent être bien croustillants à l’extérieur et moelleux à l’intérieur.
Facebook ou Twitter ?
Aucun des deux. Je ne suis pas utilisateur des réseaux sociaux. Au niveau de l’entreprise nous avons recruté quelqu’un pour les animer et les développer. Notre nouveau site internet lui, sortira dans quelques semaines.
Un mot du vin pour finir ?
Je vous en donnerai deux : Convivialité et plaisir.