Portrait de vigneron : Mickaël Regaud

Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Mickaël Regaud, vigneron au Château La Tuilerie du Puy et dont la Cuvée Vintage vient d’être élue Talent des Bordeaux 2018.

 

Je me suis rendue, il y a quelques jours, au Château La Tuilerie du Puy à la rencontre de Mickaël Regaud. Sa Cuvée Vintage 2016 (AOC Bordeaux Supérieur rouge) a été récompensée dernièrement d’un Talent des Bordeaux.

Le château domine la vallée du Dropt et la vue est très belle. La propriété est dans la famille de Mickaël depuis 1616, mais ce n’est qu’au 20ème siècle qu’elle prend une orientation vinicole.

C’est mon grand-père, m’explique Mickaël Regaud qui a commencé l’activité viticole. Il était d’ailleurs l’un des premiers présidents de la cave coopérative. Mais il est décédé pendant la Seconde Guerre mondiale et ma grand-mère, ne connaissant rien au vin, est repartie dans sa famille à Paris, laissant les terres d’abord à un métayer, puis ensuite à un fermier.

Mon père avait fait des études agricoles mais il a fait carrière dans le transport maritime principalement à l’étranger. En 1980, le dernier fermier prend sa retraite et mon père revient pour s’occuper de la propriété. A l’époque, il n’y avait quasiment plus qu’1 ou 2 hectares de vigne et il n’y avait pas de chai. Il a donc commencé à restructurer, à replanter et à développer.

Quand j’ai repris la propriété en 1996, elle faisait une cinquantaine d’hectares. J’ai, de mon côté, continué à acquérir des propriétés voisines et aujourd’hui, nous avons 85 hectares. La propriété comporte 3 îlots avec quatre terroirs bien distincts.

Vous êtes-vous senti obligé de prendre la suite de votre père ?

Jusqu’à l’âge de 16 ans, je ne savais pas trop ce que je voulais faire puis j’ai eu le déclic. Après mon bac, j’ai fait des études en viticulture et œnologie et je suis arrivé au château. Mon père m’a très vite donné les rênes.

Comment se répartissent les cépages rouges et blancs ?

Nous avons 13 hectares de blanc et le reste en rouge. J’aimerais produire plus de blancs mais sur les marchés internationaux, Bordeaux est plus reconnu pour ses vins rouges. J’aime varier mes cépages. J’en replante des anciens comme le Malbec, le Petit Verdot ou encore le Carménère. Le Château La Tuilerie du Puy Cuvée Vintage qui a remporté le Talent, est d’ailleurs un assemblage  de Malbec et Petit Verdot.
Pour moi, c’est une façon de renouveler mon travail, de m’amuser, de changer de méthodes de travail. Cela me permet de toujours faire de nouvelles choses. Je trouve cela plus motivant et cela crée une dynamique. Nous testons beaucoup et apprenons sans cesse.

Qui sont vos clients ?

Nos vins partent à 80% à l’export, souvent sur des marchés lointains. J’ai la chance de bien parler anglais, ce qui m’a permis d’aller chercher des marchés peut être moins concurrentiels. Nous vendons aux USA, en Chine, au Japon, mais aussi au Laos, au Vietnam, à Malte etc. Je commercialise en direct sans passer par un agent.

Comment définiriez-vous le style de vos vins ?

J’aime les vins gourmands, de partage. Ils ont tous un peu de tension et de vivacité. Ils réveillent les papilles et racontent une histoire. Ils doivent avoir du croquant et bien sûr, un retour plaisir. Il faut que l’on ait envie d’y plonger son nez et de l’avoir en bouche.

Comment décririez-vous votre cuvée Vintage ?

Les vieux cépages ont mis en avant un aspect plus épicé. Le côté boisé est peu présent car cette cuvée a été élevée un an dans des barriques de 400 litres. On reste sur le fruit, la fraîcheur, tout en ayant du volume en bouche. C’est gouleyant. Je l’adore à l’apéritif.

 

Que vous apporte une telle récompense ?

Elle fait du bien au moral de toute l’équipe. C’est la reconnaissance de notre travail, de tout ce que l’on fait dans l’année.

 

Vin rouge ou vin blanc ?

  • Ma femme préfère le rouge et comme j’aime les deux, je vais dire rouge. Culturellement, il est difficile ici à Bordeaux de faire découvrir les blancs.

Rosé ou clairet ?

  • Clairet, c’est notre identité. Je n’en fais pas car malheureusement il n’y a pas trop de débouchés commerciaux.

Bouchon en liège ou bouchon à vis ?

  • Liège ! J’ai beaucoup de mal avec le bouchon à vis. Il n’y a pas le cérémonial, l’approche.

Vin d’assemblage ou de cépage ?

  • Vin d’assemblage. C’est l’identité de Bordeaux. Nos vins ont toujours existé grâce à lui. C’est ce qui apporte la complexité.

Girondins ou UBB ?

  • Aucun des deux. Mais, dans la famille, nous sommes passionnés d’équitation et faisons beaucoup de promenades à cheval.

Tram ou V3 (vélos libre-service de Bordeaux Métropole) ?

  • Le tram. Maintenant, quand nous nous rendons à Bordeaux, nous prenons le TER à La Réole jusqu’à la gare Saint Jean. Cela nous évite les bouchons sur la rocade.

Facebook ou Twitter ?

  • Facebook qui me permet de rester en contact avec des gens partout dans le monde. Twitter, je n’ai pas compris, je n’adhère pas.

Un mot du vin : Partage. Quand on boit un verre de vin entre amis, on voit l’aboutissement de tout notre travail.

 

Merci Mickaël.

 

Château La Tuilerie du Puy – 7, Aux Tuileries – 33 580 LE PUY

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