Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène au château de Chelivette, il n’est situé qu’à quelques kilomètres de Bordeaux, à Sainte Eulalie.
Quand tout va bien côté Pont d’Aquitaine, vous n’êtes qu’à une vingtaine de minutes de Bordeaux centre. Ce domaine historique, l’un des plus anciens de Bordeaux, est la propriété de Florence et Jacques Borel qui l’ont acquis en 2014. Ils ont tout de suite passé la propriété en bio et en biodynamie, et si vous visitez leur chai, vous pourrez constater que les vins sont élevés au son de concertos pour flûte de Mozart.
Comment êtes-vous arrivés ici ?
Nous travaillions tous les deux à Londres, dans la finance et nous souhaitions changer de vie et voir grandir nos enfants. Nous avons donc décidé de revenir en France et de nous lancer dans l’oenotourisme. Le quart sud-ouest avait notre préférence et nous avons acheté un premier château dans la région. Nous y avons lancé une activité de réception : mariages, séminaires etc. Il y avait 1 hectare de vigne et cela nous a donné envie de davantage. Nous avons donc vendu et nous sommes mis à la recherche d’un autre lieu. Et puis, au bout d’un an de recherches, nous avons découvert le château de Chelivette et avons eu le coup de cœur.
Qu’est-ce qui vous a séduit ?
La localisation, entre Bordeaux et Saint Emilion était primordiale comme nous voulions poursuivre une activité oenotouristique. Ensuite le fait qu’il y ait des possibilités de développement quasiment infinies grâce aux nombreux bâtiments et aux terres environnantes. Et puis bien sûr les vignes.
La conversion en bio s’est-elle faite tout de suite ?
Oui, nous avons entamé la conversion en bio et en biodynamie dès notre arrivée. Cela faisait partie de notre projet de vie. Pour sécuriser notre environnement nous avons acheté la propriété adjacente, le Château Mathereau. Nous ne souhaitions que les terres mais comme le propriétaire voulait également vendre le château, nous l’avons rénové pour proposer un hébergement à la propriété.
Comment avez-vous procédé ? Avez-vous suivi des formations en viti/oeno pour effectuer cette conversion ?
Non, nous avons embauché des conseillers pour éviter les principales erreurs. Nous avons appris ensuite sur le terrain. Je participe aux travaux de la vigne, je suis tout le temps sur mon tracteur, j’élabore mes propres préparations pour traiter (tisanes…). Les 3 premières années, ont été difficiles car la vigne était habituée à une viticulture conventionnelle. Il faut que les ceps se réadaptent, s’ancrent à nouveau dans le sol. Il y avait aussi de très vieilles vignes qu’il a fallu arracher puis replanter. Tout cela est un travail de longue haleine.
Avez-vous également apporté des modifications à l’environnement ?
Oui, nous avons planté des haies et plus de 2 000 arbres pour améliorer la biodiversité. Nous avons également créé un verger avec des essences locales. Nous avons pu voir qu’au bout d’un an et demi seulement les oiseaux et les insectes revenaient. Nous sommes refuge LPO et chaque année nous voyons revenir de nouvelles espèces. Notre but est de créer une harmonie entre la nature, le monde animal et nous, de vivre dans un environnement sécure. Nous souhaitons aller encore plus loin aujourd’hui, cultiver nos propres fruits et légumes et faire du maraîchage.
Quelle est la taille de la propriété ?
Elle fait 30 hectares dont 12 de vignes répartis en 7 cépages (Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc, Sémillon, Sauvignon Blanc, Sauvignon Gris, Malbec). 4,5 hectares sont des vieilles vignes qui apportent maturité et concentration à nos vins et 4,5 hectares ont été plantées en 2017. Elles arrivent juste à production et apporteront la fougue de leur jeunesse. Les 3 hectares restant ne produiront que l’année prochaine ou même l’année d’après. Le restant ce sont des céréales (nous avons planté du sarrasin cette année) et des prairies.
Comment commercialisez-vous vos vins ?
Nous sommes partis de zéro. Notre clientèle est traditionnelle : cavistes, CHR, particuliers. Nous en sommes encore au démarrage car nous n’avons quasiment pas de stock. Il n’y en avait pas quand nous avons acquis la propriété et nous avons gelé en 2017. Nous sommes en phase de prospection.
Combien de vins différents avez-vous ?
Nous avons un rosé, un Clairet (primé aux Oscars des Bordeaux de l’été), 3 Bordeaux supérieurs rouges (différents assemblages et élevages dont 1 en jarre) et un Côtes-de-Bordeaux blanc moelleux.
Connaissiez-vous le Clairet avant d’arriver à Bordeaux ?
Pas du tout ! Et cela a été une vraie découverte. C’est un produit que nous apprécions, auquel nous croyons et que nous aimons faire découvrir. Spécifique à Bordeaux, il mérite vraiment un éclairage. Par contre il nécessite un énorme investissement en matière de communication pour le faire connaître, pour expliquer comment il est fabriqué, avec quoi le boire etc. Mais nous l’aimons tellement que nous le commercialisons en bouteilles et en magnums. C’est un vin qui est idéal l’été avec des grillades, un BBQ. Il fonctionne également très bien avec les cuisines du monde comme la cuisine chinoise, japonaise et même italienne (excellent avec les pizzas).
A quelle température conseillez-vous de le déguster ?
A environ 10-11°C. Trop frais ses parfums très fruités sont un peu anesthésiés. Mais 10-11°C c’est parfait.
Comment définiriez-vous le style de vos vins ?
Nous faisons les vins que nous aimons boire. Ils sont sur le fruit, que ce soit au nez ou à la dégustation. Nous faisons les assemblages et les dégustations avec l’œnologue et nous ne prêtons pas attention aux standards. Nous décidons en fonction de ce qui nous plait.
Quel est votre meilleur souvenir lié au vin ?
La première fois que j’ai goûté notre vin élevé en jarre me dis Florence. J’avais offert à mon mari une jarre en terre cuite achetée en Toscane et nous avons élevé l’un de nos vins rouges à l’intérieur. Nous avons fait plusieurs dégustations au fur et à mesure de l’élevage nous demandant parfois s’il fallait continuer quelques semaines supplémentaires ou pas. Et quand nous avons décidé que le résultat nous convenait, j’étais très émue. Nous étions tellement contents du résultat que nous en avons acheté une plus grande pour poursuivre l’expérience.
Comment voyez-vous le Bordeaux de demain ?
Nous ne sommes peut-être pas représentatifs du bordelais. Quand nous sommes arrivés dans la région, nous avions cette image de meilleurs vins du monde mais pourtant, ils ne sont pas faciles à vendre. Je pense qu’il faudrait diminuer les volumes car le demande en France et à l’étranger a baissé et les habitudes de consommation sont différentes. Et puis, l’avenir passe pour moi par un vin plus pur. Les terroirs bordelais sont bons et si l’on offre un vin qui est sain, il y a de la demande malgré tout.
Vous êtes plutôt….
Rouge ou Blanc ?
Plutôt rouge.
Rosé ou Clairet ?
Clairet ! Nos filles aussi l’apprécient beaucoup.
Vin d’assemblage ou de cépage ?
Assemblage mais lorsque le millésime le permet, nous ne nous interdisons pas de faire un 100% Malbec ou un 100% Cabernet Sauvignon.
Arcachon ou Cap Ferret ?
Nous n’y allons pas, nous restons ici. Il faudrait que l’on puisse se libérer mais nous avons tellement de choses à faire.
Facebook ou Twitter ?
Ma femme est plutôt sur Instagram mais je suis très réticent. Je trouve les réseaux sociaux très dangereux, on ne sait pas du tout comment va être interprété ce que l’on poste.
Merci !
Château de Chelivette
62 Rue François Boulière, 33560 Sainte-Eulalie
• Un site web : www.chelivette.com
• Une compte Instagram : @chateaudechelivette