Portrait de vignerons : Elisabeth et David Labat

Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène rencontrer Elisabeth Labat et son mari, David, ils représentent la 4ème génération à présider aux destinées du Château Vermont. Ils ont gagné un Oscar des Bordeaux pour leur rosé 2017.

Le Château Vermont est dans la famille d’Elisabeth Labat depuis 1850. Même si elle n’envisage pas jeune fille de rejoindre la propriété familiale, Elisabeth finit par tomber dans la marmite et suit un BTS technico-commercial vins au lycée agricole de Montagne, à Saint-Emilion. Elle y rencontre David qui suit la même formation après avoir obtenu un Bac pro œnologie.

Une fois son diplôme en poche, elle travaille avec ses parents alors que David choisit d’évoluer dans le négoce où il restera 17 ans.

En 2010, vient la question de la succession. David abandonne son poste et reprend à plein temps, avec son épouse, l’exploitation constituée de 40 hectares de vignes. Tous deux ont une volonté : redonner à la propriété son lustre d’antan. En effet, en 1874, dans le N°3 du Fêret, Château Vermont était classé comme le premier cru de l’Entre-deux-Mers.

Ils se donnent donc les moyens de leurs ambitions et commencent par créer un nouveau chai avec des cuves inox thermo-régulées. Ensuite, ils restructurent le vignoble. De 3 000 pieds/hectare, ils passent à une densité de 4 700-4 800 pieds/hectare. Cette augmentation leur permet de moins charger les ceps et de pouvoir amener plus facilement les raisins à maturité. Ils adaptent également les cépages et les porte-greffes à chaque terroir. Et pendant l’année, ils effectuent beaucoup de travaux en vert : effeuillage, éclaircissage et parfois vendange en vert. Enfin, ils sont extrêmement attentifs à la maturité des fruits pour la vendange.

Pour David, un grand vin se fait entre 80 et 90% dans le vignoble et chaque étape est extrêmement importante, surtout si l’on veut faire un vin très qualitatif.

Aujourd’hui, leurs 40 hectares se répartissent comme suit :

  • 70 % de rouge
  • 15% de blanc
  • 15% de rosé

La propriété d’un seul tenant est située à Targon. Ils commercialisent 40% à l’export (Belgique, Chine, Japon, Caraïbes) et 60 % en France. (15% pour la clientèle de particuliers, 15% dans les réseaux traditionnels, une grosse partie du reste en GMS et pour terminer, un peu de négoce).

Ils produisent 2 vins rouges (prestige et grande cuvée), 1 rosé et 2 blancs (1 sec traditionnel élevé sur lie et 1 grande cuvée vinifiée en fûts).

David, comment définiriez-vous le style de vos vins ?

Nous avons 3 couleurs de vins, donc 3 styles :

  • Nos blancs sont très aromatiques avec une grande longueur en bouche. Ils sont gourmands, un peu gras.
  • Nos rouges, eux, sont également gourmands et ronds. Ils respectent le fruit et ne sont pas très boisés. Nous choisissons des fûts de 500 litres avec des chauffes légères. Ils sont bien équilibrés, avec une grande complexité aromatique et une belle longueur en bouche.
  • Notre rosé est lui aussi très aromatique. Il est fin, léger, gourmand et facile à boire. C’est un vin de copains qui est parfait pour l’apéritif mais qui peut aussi accompagner un repas estival (grillades, salades etc.). Nous avons une vraie volonté de faire du rosé. Nous le produisons par pressurage direct et nous le récoltons assez tôt, alors que la maturité n’est pas totalement atteinte, ceci afin de conserver les précurseurs d’arômes et d’avoir de la fraîcheur. On les presse immédiatement, on les vinifie à froid ; bref, nous avons une vraie démarche sur le rosé.

Est-ce que recevoir des récompenses comme cet Oscar des Bordeaux de l’Eté fait plaisir ?

Oui, cela nous conforte dans notre idée de produire un vin très qualitatif et de faire de Vermont une référence de l’appellation.

Pour vous est-ce un beau métier ?

Elisabeth : Oui ! Même si au début, le fait d’appartenir à une famille de vignerons a été un peu lourd à porter, cela m’a ensuite vraiment plu. Ma formation m’a beaucoup aidée et j’adore la polyvalence de ce métier. On peut un jour être dehors, le lendemain créer des étiquettes, puis ensuite être au bureau, recevoir des clients, etc… La palette est tellement large.

Vos enfants prendront-ils la suite ?

Nous les laissons totalement libres de faire ce qu’ils veulent. Nous ne voulons rien leur imposer.

 

Quelques questions subsidiaires. Vous êtes plutôt …

Vin rouge ou vin blanc ?

  • Vin rouge.

Rosé ou Clairet ?

  • Rosé mais de pressurage.

Vin d’assemblage ou de cépage ?

  • Vin d’assemblage, c’est toute l’identité de Bordeaux, c’est ce qui procure à nos vins leur complexité aromatique.

Girondins ou UBB ?

  • UBB. Nous appartenons à la famille du rugby, du sud ouest. Nous organisons même une feria ici au Château en juin avec course landaise.

Arcachon ou Cap Ferret ?

  • Cap Ferret mais aussi Saint Jean de Luz où Elisabeth passait toutes ses vacances lorsqu’elle était enfant.

Lamproie ou alose ?

  • Les deux ! Nous sommes très épicuriens. Nous faisons nous même la lamproie, les canards gras et même la tue cochon.

Macarons de St Emilion ou canelés ?

  • Ni l’un, ni l’autre, plutôt les Puits d’Amour de la Maison Seguin, à Captieux, découverts grâce à nos amis bazadais,

Facebook ou twitter ?

  • Facebook.

Pour conclure un mot du vin ?

  • La joie ! Le vin c’est la joie de partager, d’échanger. Il aide à délier les langues des timides, il apporte des émotions. Et puis aussi la qualité et la convivialité. Le vin il faut le partager.

 

Merci à tous les deux.

 

Château Vermont – lieu dit Vermont – 33 760 Targon

 www.chateau-vermont.fr

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