Portrait de vigneron : Rémi Villeneuve

Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Rémi Villeneuve, vigneron au Château Motte Maucourt. Son Bordeaux rouge vieilli en fût de chêne vient de remporter un Talent des Bordeaux 2018.

C’est à Saint-Genis-du-Bois, un petit village de 95 âmes, que je vous emmène aujourd’hui à la rencontre de Rémi Villeneuve…

La propriété est dans la famille de sa mère depuis 6 générations m’a t-il expliqué. « Quand mon père est arrivé, elle comptait une dizaine d’hectares. Petit à petit, il a acheté et pris des terres en fermage. Quand j’ai rejoint l’entreprise en 1984, il avait multiplié la surface par 2,5. »

 

Vous êtes-vous formé ailleurs ou avez-vous directement rejoint votre père après vos études ?

J’ai eu l’opportunité, à la fin de mon BTS viti/oeno, d’acquérir une propriété voisine de celle de mon père et nous avons ensuite réuni les 2 dans un GAEC. Nous avons continué de nous développer et nous sommes vites montés à une surface de 35/40 hectares. Aujourd’hui, je suis propriétaire de 50 hectares de vigne – 14 en blanc (80% Sauvignon, 10% Sémillon, 10% Muscadelle) et 36 en rouge (65% Merlot, 25% Cabernet Sauvignon, 10% Cabernet Franc) – répartis en une dizaine d’îlots situés à proximité du château.

Qu’est ce qui a changé par rapport à la période où votre père dirigeait la propriété ?

D’abord, la mécanisation des vendanges. Quand j’étais jeune, elles étaient manuelles. Je me souviens que les vendangeurs étaient des connaissances de ma tante qui vivait dans le Nord. Nous recevions donc des employés d’Usinor-Sacilor qui prenaient leurs congés pour venir cueillir le raisin chez nous. C’était à la fin des années 60, début des années 70. Quand ils ont arrêté de venir car ils prenaient leur retraite, sont arrivés les premiers espagnols. C’était en 72 ou 73 et ils sont restés jusqu’à ce que l’on achète notre première machine à vendanger, au début des années 80.

Et puis aussi, la commercialisation de nos vins. Mon père faisait surtout du vrac. Il avait bien commencé la bouteille au début des années 70 car c’était la crise, mais cela restait des petits volumes. S’il pouvait être visionnaire dans les nouvelles pratiques, la commercialisation n’était pas son point fort. Depuis que je suis arrivé, j’essaie de développer la vente en bouteilles via le négoce. Je fais aussi un peu d’export et j’ai de jolis marchés en Grèce ou en République Dominicaine. Nous sommes beaucoup aidés par les récompenses reçues par nos vins.

Vous présentez-vous à beaucoup de concours ?

A quatre : Paris, Bordeaux, Lyon et Macon. Avant, nous n’en faisions que 2 (Paris et Bordeaux) mais nous avons élargi sur les conseils de notre œnologue.

Comment définiriez-vous le style de vos vins ?

Nous essayons de faire plusieurs styles pour pouvoir toucher différents marchés. Notre Bordeaux générique (rouge) ne passe pas en barrique. Il est un peu concentré avec beaucoup de fruits. On peut tout à fait le boire rapidement. En général les gens le consomment dans les deux ou trois ans après l’achat.

Et puis, nous avons aussi notre cuvée élevée en barriques (celle qui a remporté le Talent). C’est un vin que j’aime beaucoup. Il est plus concentré, plus tannique, plus charnu. Il est composé cette année (millésime 2016) d’un assemblage de 70% Merlot et 30% Cabernet Sauvignon. Habituellement, c’est quasiment 100% Merlot mais cette année là, les Cabernet Sauvignon étaient vraiment exceptionnels.

Avec-quoi conseillez-vous de le déguster ?

Avec du gibier, c’est parfait.

Quels sont vos projets pour les années qui viennent ?

Je souhaiterais construire un nouveau bâtiment dédié aux bouteilles afin de faire le stockage et la préparation des commandes. Et puis aussi développer la vente de bouteilles et espérer que mon fils et ma fille aient envie de reprendre la propriété.

Merci Rémi.

Êtes vous plutôt….

Vin rouge ou vin blanc ?

  • J’aime beaucoup les vins blancs. Je les bois avec plaisir à l’apéritif, avec des fruits de mer ou du poisson et aussi avec certains fromages.

Rosé ou clairet ?

  • J’apprécie beaucoup les clairets. Je me fais plus plaisir avec un clairet qu’un rosé. J’en ai fait 75 hectolitres en 1995 pour essayer. Je le trouvais très bon mais je n’ai eu qu’un seul acheteur alors j’ai arrêté.

Bouchon en liège ou bouchon à vis ?

  • Je n’aime pas beaucoup les bouchons à vis. Nous utilisons des bouchons synthétiques pour nos blancs et nos rosés et des bouchons techniques pour nos rouges. Nos vins n’ont ainsi plus aucun goût de bouchon et nos clients sont ravis de pouvoir encore planter le tire bouchon et ouvrir en entendant le « pop » !

Girondins ou UBB ?

  • J’adore le foot (mon fils a d’ailleurs brillé dans cette discipline), mais je préfère l’esprit du rugby.

Arcachon ou Cap Ferret ?

  • Cap Ferret ! J’adore. Mes parents avaient une maison au Cap Ferret. Elle appartient aujourd’hui à ma soeur. J’aime le côté très sauvage du lieu.

Lamproie ou alose ?

  • Lamproie. C’est mon plat préféré. Encore plus que le foie gras. Ma mère le prépare encore grâce à une ancienne recette familiale.

Facebook ou Twitter ?

  • Rien de tout cela. Je déteste. Tout le monde sait tout sur tout et il n’y a pas de vie privée. Nous avons une page mais je m’en sers très peu.

 

Château Motte Maucourt – 2 Au Canton, 33760 Saint-Genis-du-Bois

www.chateaumottemaucourt.com