Portrait de vignerons : Pierre et Fanny Michaud

Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Pierre Michaud et de son épouse, Fanny.

« Pierre et Fanny président pour l’instant aux destinées du Château Minvielle situé à Naujan et Postiac. Je vous dis pour l’instant, car tous deux sont conscients de n’être dépositaires que pour un temps de ce château, détenu par la famille de Pierre depuis 1805. »

Un peu d’histoire…

La bâtisse, m’explique Pierre, a été construite entre 1605 et 1610 par une famille, les «de Minvielle », qui a donné son nom à la propriété ainsi qu’au lieu-dit. Elle l’a conservée jusqu’à la révolution française, période à laquelle elle a été réquisitionnée. Ma famille l’a acquise en 1805 et depuis, elle se transmet de générations en générations. 

Pierre, comment êtes-vous devenu viticulteur ? Etait-ce une obligation familiale de reprendre la propriété ?

Non, d’ailleurs mes parents n’étaient pas du tout du métier. C’est mon grand-père qui s’en occupait. Il avait d’ailleurs deux casquettes : D’un côté, il était vigneron et de l’autre, vétérinaire. Ses parents l’avaient poussé à faire des études.

« L’agriculture n’est pas un travail, on n’en vit pas, c’est très dur. Concentre-toi sur l’école. »

C’est grâce à son métier qu’il a pu gagner de l’argent et rester ainsi à Minvielle. Il adorait la viticulture. Moi, je venais ici pour les vacances, j’aimais monter sur le tracteur, me rendre dans les vignes. C’est devenu une passion.

Quand avez-vous décidé de rejoindre la propriété ?

Mon grand-père est décédé assez subitement en 1998, je n’avais que 18 ans et j’étais encore au lycée. Ma grand-mère a donc engagé un chef de culture mais à 23 ans, après quelques stages, je suis venu travailler ici.

Et vous Fanny ? Quand l’avez-vous rejoint ?

En 2003, mais à plein temps depuis 2007. Je m’occupe plus particulièrement de la partie vinification mais nous faisons tout tous les deux.

Qu’est-ce qui a changé depuis que vous êtes arrivés ?

Il a fallu que nous nous appréhendions notre terroir. Nous n’avions plus de mémoire, plus d’historique de la vigne suite au décès du grand-père de Pierre. Cela nous a pris une dizaine d’années pour cerner la propriété, trouver notre place.
Nous avons également agrandi. Nous avions 50 hectares au début, maintenant nous approchons les 90. Cela s’est fait naturellement, des opportunités se sont créées et nous les avons saisies. Au niveau commercial, nous avons trouvé de nouveaux débouchés, principalement à l’export, en Chine, au Japon ou aux USA pour ne citer que les plus gros.
Nous avons également beaucoup investi dans une démarche environnementale. Cela va de l’environnement du salarié au travail (nous en avons 11 à plein temps auxquels s’ajoutent 6 saisonniers) à la façon dont nous conduisons la viticulture. Nous traitons le moins possible, nous sommes très respectueux de l’eau, nous recyclons nos déchets.
Tout est réfléchi pour que notre activité s’insère au mieux en limitant son empreinte écologique. Nous faisons en sorte que la vigne se porte bien pour ne pas avoir à la soigner. C’est très simple, c’est comme pour les humains. Si l’on est en pleine forme, il y a peu de chances que l’on attrape le premier virus qui passe.

C’est très dans l’air du temps..

Oui, mais ce n’est pas pour cela que nous agissons de cette manière. Cela nous tient à cœur depuis longtemps. Nous avons reçu le château avec un outil de travail fonctionnel et adapté et nous voulons nous aussi transmettre la même chose aux générations futures. Il faut si elles le souhaitent, qu’elles puissent continuer à vivre et à travailler sur
cette même terre.

Vous sentez-vous comme le maillon d’une grande chaîne familiale ?

Oui, c’est tout à fait cela. Nous sommes jeunes mais nous sommes conscients d’appartenir à une histoire plus longue. Nous ne sommes pas les premiers et nous espérons ne pas être les derniers. Nous nous sentons une responsabilité vis à vis de cela. Nous apportons notre pierre à l’édifice.

Comment définiriez-vous le style de vos vins ?

Je dirai qu’ils sont agréables, fruités, expressifs avec de la rondeur. Ils sont un peu timides au départ à cause de nos sols calcaires. Il faut ouvrir la bouteille une heure à l’avance (nous l’écrivons sur nos étiquettes) pour qu’ils soient à leur optimal.

Ils sont souvent récompensés, est-ce que cela vous fait plaisir ?

(Le Château Roc de Minvielle 2017 Blanc a reçu un oscar des Bordeaux de l’été 2018)
Oui bien sur. Cela nous rassure, nous motive à aller encore plus loin. Nous nous réinventons à chaque nouveau millésime. Et les médailles aident à la vente, notamment à l’export, où cela rassure nos clients..

Comment se répartissent les blancs/rouges/rosés ?

Nous produisons environ 20% de vins blancs avec une répartition 50/50 des Sauvignon et Sémillon et 80% de vins rouges, plantés à 65% de Merlot. Ensuite nous avons du Cabernet Sauvignon, du Cabernet Franc et du Malbec. La production de rosé est plus anecdotique.
Nous produisons sous 2 noms, Château Minvielle, le classique, la mémoire du lieu et le Château Roc de Minvielle qui nous ressemble peut être davantage. Nous y mettons notre sensibilité, ce que nous sommes.

Merci Fanny, merci Pierre

Quelques questions subsidiaires à Fanny… Êtes vous plutôt :

Bordeaux rouge ou Bordeaux blanc  ?

Les deux ! Pourquoi choisir.

Vin de cépage ou vin d’assemblage ?

Plutôt assemblage, cela apporte plus de complexité, on voit la patte du millésime. Pour un vin de cépage, on voit davantage celle de l’artiste. Mais nous y réfléchissons, surtout pour nos Malbec.

Bouchon en liège ou bouchon à vis ?

Liège mais j’aimerais pouvoir passer sur du vis, surtout pour les blancs et les rosés. J’y pense régulièrement.

Girondins ou UBB ?

UBB.

Arcachon ou Cap Ferret ?

Plutôt le Lot, nous adorons.

Cannelés ou macarons ?

Les deux, là aussi, impossible de faire un choix.

 

Plus d’infos
Château Minvielle – Vignobles Gadras
1 Minvielle, 33420 Naujan-et-Postiac