Portrait de vigneron : Bruno Mottet

Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Bruno Mottet, copropriétaire du Château la France. Sa cuvée Gallus 2017 a remporté l’un des Talents 2019 en Bordeaux Supérieur rouge.

 

Aujourd’hui, je vous emmène à Beychac-et-Caillau, à la rencontre de Bruno Mottet, copropriétaire du Château la France. L’homme a un parcours atypique puisqu’avant d’acquérir le château avec son père et son frère, il était commandant de pétrolier !

Comment être-vous arrivé sur la propriété ?

Je suis né dans une famille d’armateurs et ai fait carrière dans la marine marchande. J’ai navigué sur les océans du monde entier. L’envie de sédentarité est venue avec la naissance de mon premier enfant. Je n’étais pas là pour y assister, j’étais en mer et cela m’a pesé. J’ai donc décidé de rentrer à terre. Le poste de Directeur de la Flotte s’était libéré dans l’entreprise familiale et j’y suis restée quelques années, à travailler avec mon père et mon frère.

Et puis en 2008 une offre de rachat tombe et la famille décide de l’accepter et de profiter de l’opportunité pour regarder les propriétés vinicoles. Le domaine du vin nous intéressait depuis longtemps. Mes grands-pères avaient des vignes, l’un à Soulignac et l’autre à Sauveterre-de-Guyenne et j’ai de merveilleux souvenirs d’enfance pendant les vendanges. En 2009, nous visitons le Château La  France, propriété du groupe Generali : 90 hectares d’un seul tenant, un très bel outil de production (avec cuvier gravitaire, cuves béton, cuves inox et chai climatisé), des bâtiments magnifiques et des vignes en très bon état. Le coup de foudre ! Nous décidons de l’acheter.

Cela ne vous a pas effrayé de reprendre une activité dans laquelle vous n’aviez pas de connaissances techniques ?

Non car nous pouvions compter sur l’aide des équipes en place et notamment celle du maître de chai qui travaillait depuis plusieurs décennies sur la propriété. Et, au début, nous nous sommes faits aider par Stéphane Derenoncourt.

Quels sont les changements que vous avez apportés ?

Depuis notre arrivée, nous cherchons à apporter à notre vin rouge une sorte de suavité et de sucrosité. Nous nous appuyons pour ce faire sur notre assemblage qui donne la part belle au cépage Malbec (jusqu’à 35% de certains crus). Nous avons aussi allégé nos vins avec un côté barrique beaucoup moins présent.

Parlez-moi de votre cuvée Gallus qui a été primée.

Gallus signifie coq en latin. Un petit clin d’œil à l’œuvre de Georges Saulterre qui décore la propriété 🙂 Notre millésime 2017 est composé de 58 % de merlot, de 13 % de malbec et de 29 % de cabernet sauvignon. Il est élevé 12 mois en barriques. Nous l’avons voulu facile à boire.

Est-il facile aujourd’hui de commercialiser son vin ?

Cela nécessite beaucoup d’énergie mais les récompenses aident. Nous vendons surtout à l’export, environ 80 à 85% de notre production. Les vins partent en Suède, en Belgique, au Japon, en Chine et aussi aux USA. Nous sommes un peu inquiets concernant la nouvelle taxation sur les vins français voulue par le président américain et nous cherchons à développer le marché français. Nous avons d’ailleurs embauché il y a quelques mois un commercial sur ce segment.

Regrettez-vous votre ancien métier ?

Jamais ! Dans la marine, il y avait davantage de routine. Ici, c’est très vivant, cela change tous les jours. Et quand j’ai envie de faire du bateau, je vais sur le Bassin d’Arcachon. Et puis je suis content de travailler encore avec mon frère, mon père (même s’il est moins présent aujourd’hui) et l’un de mes neveux. Travailler en famille est une force.

Pouvez-vous me raconter l’histoire de ce coq monumental qui orne votre propriété ?

Ce sont mes parents qui en ont eu l’idée en voyant depuis l’Autoroute A10, une sculpture de Georges Saulterre appelée Les Flèches de Cathédrale. Ils se sont dits que ce serait bien d’avoir une œuvre d’art sur la propriété. Ils ont contacté l’artiste le samedi et le lundi il était là avec ses premières esquisses. Ce coq de 12 mètres de haut est composé de tôles en inox qui reflètent le feuillage des vignes environnantes. Quand le vent souffle, elles bougent, telles des plumes. C’est magnifique. Nous l’utilisons sur nos étiquettes mais de façon discrète, suggérée.

 

 

Quelques questions subsidiaires … 🙂 Êtes vous plutôt :

Vin rouge ou vin blanc ?

J’avoue avoir une affection particulière pour les blancs.

Clairet ou rosé ?

Nous produisions un peu de clairet mais nous avons arrêté car il est difficile de trouver des débouchés commerciaux.

Cap Ferret ou Arcachon ? 

Cap Ferret. J’adore y aller quelle que soit la saison, c’est sauvage et magnifique.

Lamproie ou alose ?

La lamproie ! C’est mon plat préféré. Un ami de mon père, malheureusement décédé, nous en cuisinait (nous lui fournissions le vin et les poireaux). Ma mère a pris le relais. C’est un plat absolument fabuleux. J’aime l’alose, mais à l’oseille, quand les arrêtes sont un peu dissoutes.

Facebook ou Twitter ?

Facebook. Nous avons embauché quelqu’un pour faire vivre nos réseaux sociaux et nous améliorer.

 

Quel est votre meilleur souvenir lié au vin ?

Un Haut Brion 1982 en Chine. Fabuleux, rien que d’y repenser, je ressens l’émotion du moment.

Quel est l’accord mets vins original que vous conseilleriez avec votre Cuvée Gallus 2017 ?

Pas très original mais tellement délicieux… Une côte de bœuf cuite sur des ceps de vigne.

 

Merci Bruno.

A noter que le château La France propose aussi un gite (le château) et 5 très belles chambres d’hôtes. Il y a même une partie bien-être avec sauna et jacuzzi. Ce dernier offre une vue incroyable sur les vignes et appelle à la sérénité et à la zénitude.

 

Château La France – 1, route de Fossés Longues – 33750 Beychac-et-Caillau

www.chateaulafrance.com

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